La loi du 11 février 1951 autorise l'INAO à réviser le classement afin d'y corriger les omissions, dans l'esprit de la loi du 22 juillet 1927 (sol, exposition, antériorité...), après avis des syndicats professionnels.
Les responsables de l'époque qui craignent une surproduction susceptible d'entraîner la chute des cours décident de freiner la production par le biais de la maîtrise des droits de plantations (CIVC). En fait ce sont des zones entières de la champagne délimitée qui disparaissent, notamment dans l'Aube, sur la Côte des Bars.
Aujourd'hui, on s'aperçoit que la volonté de bloquer l'expansion n'a pas partout été respectée de la même façon puisque le vignoble de la Marne s'est étendu bien au-delà des surfaces de la loi de 1927. Pour s'en convaincre, il suffit de comparer les surfaces plantées des deux principaux départements composant la Champagne.
Potentiel de la loi de 1927 : Marne : 19 500 hectares
Aube : 16 000 hectares
Actuellement : Marne : 22 000 hectares
Aube : 6 500 hectares
L'examen de l'état actuel des vignobles champenois met en évidence que la période faste des 30 dernières années n'a pas eu les mêmes incidences pour tous.
Les scénarios catastrophes annoncés par le Syndicat Général des Vignerons ne se sont pas produits, malgré quelques contretemps conjoncturels (choc pétrolier de 1973, crise de 1991). Une situation de pénurie a malgré tout subsisté. L'encadrement du CIVC et le contrat professionnel ont adouci les variations économiques.
En 1927, la surface de référence en appellation Champagne pour le département de l'Aube
selon le Vigneron Champenois - Association Viticole Champenoise de 1934 était de 16 000 ha, surface répertoriée en vignes en 1832.
La répartition par arrondissements en 1885 était la suivante
Arcis-sur-Aube : 262 ha
Bar-sur-Aube : 5 064 ha
Bar-sur-Seine : 11 070 ha
Nogent-sur-Seine : 726 ha
Troyes : 3 952 ha
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21 074 ha
Actuellement, en 2000, la répartition est de 6 647 ha
Arcis-sur-Aube : 0 ha
Bar-sur-Aube : 1 928 ha
Bar-sur-Seine : 4 439 ha
Nogent-sur-Seine : 94 ha
Troyes : 186 ha
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6 647 ha
Nous nous apercevons que le législateur a abandonné volontairement 5 074 ha
en 1927 et l'INAO 9 353 ha
en 1970 sans qu'aucune loi les y autorise.
En effet selon la loi de 1951 : "L'article 18 de la loi du 6 mai 1919 modifié par l'article 6 de la loi du 22 juillet 1927 est complété comme suit : L'institut national des appellations d'origine des vins et eaux-de-vie pourra réviser, s'il y a lieu, après avis du syndicat général des vignerons de la Champagne, les décisions de la commission interdépartementale dans le cadre des dispositions figurant au quatrième paragraphe de l'article 17", c'est-à-dire en se fondant sur la circonstance que les terrains en cause étaient plantés en vignes en 1927 ou y étaient consacrés avant l'invasion phylloxérique.
En 1927, la surface de référence en appellation Champagne pour le département de la Marne
selon le Vigneron Champenois de 1931 était de 19 589 ha, surface répertoriée en vignes en 1829.
La répartition par arrondissements était la suivante
Chalons-sur-Marne : 1 239 ha
Épernay : 6 038 ha
Reims : 9 436 ha
Sainte-Menehould : 316 ha
Vitry-le-François : 2 560 ha
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19 589 ha
Actuellement, en 2000, la répartition est de 21 629 h
Chalons-sur-Marne : 1 242 ha
Épernay : 8 998 ha
Reims : 11 110 ha
Sainte-Menehould : 0 ha
Vitry-le-François : 279 ha
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21 629 ha
Nous nous apercevons que deux arrondissements ont diminué en surface :
Sainte-Menéhould et Vitry-le-François : - 2 597 ha
Tandis que trois arrondissements ont vu leur surface augmenter :
Chalons-sur-Marne, Épernay et Reims : + 4 637 ha
Cette surface de 4 637 ha
est HORS CRITÈRE DE L'APPELLATION CHAMPAGNE et NE DONNE DROIT A AUCUNE APPELLATION.
Selon l'article 5 de la loi du 22 juillet 1927 : "La Champagne Viticole comprend exclusivement [...] les communes [...] pour lesquelles l'appellation Champagne a été revendiquée dans une ou plusieurs déclarations de récoltes faites de 1919 à 1924 inclusivement [...] Dans ces territoires et communes, seuls les terrains actuellement plantés en vignes ou qui y ont été consacrés avant l'invasion phylloxérique peuvent conférer à leurs vins le droit à l'appellation Champagne.